Conservatoire intercommunal de musique, de danse et d’art dramatique

Crédit photographique : Antoine Guilhem Ducleon
Présentation générale
La proposition architecturale a su allier les enjeux inhérents à la qualité patrimoniale du bâti existant aux volumétries et matériaux de l’architecture contemporaine. Elle a également permis de développer des solutions techniques performantes, visant un confort thermique et acoustique élevé, le tout avec un budget très contraint. Le chantier de réhabilitation a débuté en 2013 et s’est achevé à l’été 2015.
Principales interventions d’accessibilité :
- abords
- aménagements intérieurs
Situation géographique :
Thouars, Deux-Sèvres, France
Description des installations :
Le projet prend place dans un hôtel particulier, l’hôtel du président Tyndo, construit à la fin de 15ème siècle en limite de la ville médiévale de Thouars. En 1873, la ville acquiert le bâtiment et le transforme pour y accueillir une école communale. Une extension, composée de deux ailes de style néo-médiéval, est alors réalisée. Depuis 1979 et le départ de l’école communale, le site n’était plus occupé jusqu’à ce que le Conservatoire intercommunal de musique, de danse et d’art dramatique y soit implanté.

Le bâtiment anciennement occupé par une école communale.
Pour aller plus loin :
- le site internet du Conservatoire (nouvel onglet)
- le site internet de l’agence d’architecture Arc&Sites (nouvel onglet)
- le site internet de l’agence d’architecture Nunc (nouvel onglet)
Article rédigé par Clémentine Laurent-Polz.
Enjeux du site
Valeur patrimoniale et attractivité
- les bâtiments sont aujourd’hui protégés au titre des Monuments historiques,
- la tourelle d’escalier médiévale est classée aux Monuments historiques depuis 1889,
- le reste de l’hôtel est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, de même que les bâtiments du 19ème siècle,
- le projet a reçu le prix national des Rubans du Patrimoine 2016,
- la ville de Thouars bénéficie du label Art & Histoire depuis 2001.
Problèmes d’accessibilité avant travaux
- accessibilité des différents niveaux des bâtiments existants
- accueil des publics
Stratégie d’intervention
En amont du projet, le fait d’implanter le nouveau conservatoire dans un bâtiment existant n’a pas été une évidence. Il a été, en effet, envisagé de construire ce projet dans un bâtiment neuf pour plus de simplicité, mais la qualité patrimoniale et l’attrait touristique de l’hôtel Tyndo ont finalement emporté la décision. Pour l’architecte Rémi Desalbres, « c’est un pari souvent difficile pour de nombreux élus qui voient dans la construction neuve une certaine facilité et une maîtrise des coûts. Contrairement aux idées reçues, la réutilisation de bâtiments anciens est généralement plus économique que de construire. Elle participe également ici à un développement urbain responsable, en régénérant la ville existante. »
Ce positionnement a permis de rejoindre les ambitions de la politique de développement durable de la communauté de commune, en permettant de :
- de limiter l’étalement urbain par la reconversion d’un bâtiment existant,
- de privilégier la densification urbaine,
- de limiter l’empreinte carbone du projet en limitant les dépenses d’énergies dues à une démolition/reconstruction et en mutualisant les infrastructures existantes (espaces de stationnements et la voirie notamment).
Projet
Un projet pensé de l’échelle urbaine à l’échelle de l’usager
Un espace public traversant
Le projet d’aménagement des abords immédiats et de la cour permet de relier la ville basse et la ville haute. La cour de l’hôtel redevient ainsi un espace de représentation s’ouvrant sur la ville. Les deux cours sont reliées par un large escalier en béton blanc disposé sous l’aile sud, s’intégrant ainsi parfaitement dans le site et rappelant la pierre de tuffeau qui compose les édifices.
Une promenade urbaine ouverte sur le grand paysage
Les architectes prennent le parti de démolir l’une des constructions tardives du site afin de remettre en valeur le rempart médiéval et de créer ainsi une promenade ouverte sur le grand paysage de la vallée du Thouet.

Les remparts. Crédit photographique : Arc&Sites
Par ailleurs, il est proposé de rouvrir l’accès de la tour du prince de Galles de manière à ce qu’elle retrouve son rôle de porte de la ville. Ce parti-pris permet de faciliter les déplacements piétons et de renforcer le lien entre la ville haute et la ville basse
Enfin, un jardin d’agrément est créé au niveau de l’ancien préau de l’école communale. Il permet de signaler l’entrée du bâtiment et d’initier la promenade piétonne.

Le jardin. Crédit photographique : Antoine Guilhem Ducleon
Un signal urbain fort
La conservation de la tour 15ème siècle, ainsi que la restauration des façades en tuffeau des différents corps de bâtiments permettent de faire de l’édifice un signal urbain fort, largement visible et valorisé au sein de la ville. Le traitement des ajouts contemporains se fait en harmonie avec le bâti existant puisqu’il intègre un claire-voie de bois de teinte naturelle. L’extension en bois attenante à l’aile donnant sur la rue et abritant un élévateur est également composée d’une façade en bardage bois de teinte naturelle.

L’extension en claire-voie de bois. Crédit photographique : Antoine Guilhem Ducleon
Des aménagements intérieurs redonnant une cohérence fonctionnelle au bâti
L’entrée
L’entrée principale se fait au niveau du nouveau jardin, les arcades sont alors fermées par des baies vitrées. La distribution verticale est totalement repensée avec la création d’un grand escalier au point de contact du corps du logis et de l’aile sud. La répartition programmatique permet de réaffirmer le lien avec l’histoire du bâtiment, le corps de bâti du 15ème siècle retrouve sa cohérence spatiale et ceux du 19ème siècle, leur fonction de lieux d’enseignement.
L’architecte Rémi Desalbres rappelle à ce sujet que « L’un des principaux enjeux de la réhabilitation consiste à trouver une juste affectation des espaces et à faciliter les déplacements intérieurs par l’implantation judicieuse des éléments du programme.»

L’accueil prend place dans l’ancien préau des élèves. Crédit photographique : Antoine Guilhem Ducleon
La distribution intérieure
La distribution du bâtiment est assurée par la création d’un grand escalier à la jonction du corps du logis et de l’aile sud. Cette articulation forte du projet permet de desservir, avec l’ascenseur, tous les niveaux du bâtiment. L’habillage de l’ascenseur autour duquel l’escalier se déroule est traité par une paroi en corten perforé dont les motifs font échos aux cheminées peintes de l’hôtel médiéval.

L’intégration de l’ascenseur. Crédit photographique : Arc&Sites
L’aile sud accueille les salles d’enseignement ainsi, la salle d’orchestre d’une capacité de 280 personnes à l’étage ainsi qu’un studio de répétition indépendant et accessible à tous. L’aile donnant sur la rue intègre quant à elle deux salles de dans de 250 m2 chacune.
Le cœur de l’hôtel Tyndo reçoit la médiathèque au rez-de-chaussée en lieu et place d’un ancien salon abritant des boiseries du 18ème siècle. A l’étage, la salle de formation musicale a été aménagée et a permis de restituer la composition spatiale ancienne d’une grande salle qui depuis avait été morcelée. Enfin la partie Nord de l’hôtel est occupée par l’administration, cet espace étant plus exigu est moins accessible.

Studio de danse ouvert sur le jardin. Crédit photographique : Antoine Guilhem Ducleon
Acteurs et processus de projet
Acteurs
Maitre d’ouvrage :
- Maitrise d’ouvrage : communauté de communes du pays thouarsais
- Maître d’œuvre :
- architectes du patrimoine (mandataire) : Arc&Sites
- architecte co-traitant : nunc architectes
- structure : AIA ingénierie
- fluides : Intech
- économie : Ecrh
- acoustique : Lasa